« Fernand Léger. La vie à bras-le-corps » du 11 juin au 6 novembre 2022 à Rodez (12).
Après Pablo Picasso, Yves Klein, les japonais de Gutai, Le Corbusier, Alexander Calder, CoBrA et Chaissac, le Musée Soulages de Rodez accueille Fernand Léger pour une exposition conçue comme une rétrospective en trompe l’œil autour de trois thèmes essentiels chez l’artiste : la ville, le monde du travail et les loisirs.
Par la couleur dont il clame les belles valeurs thérapeutiques, par les formes qu’il souhaite vives et les plus contrastées possible, par les sujets qu’il traite, choisis prioritairement dans le contexte de l’existence quotidienne, Fernand Léger n’a eu de cesse de magnifier la vie et d’en révéler les beautés.
Le milieu urbain qui lui inspire tant d’œuvres et dont il découvre et admire toute la puissance créatrice exceptionnelle dans la ville de New York; le milieu du travail, des hommes conduisant les machines ou perchés sur les échafaudages ; le temps des loisirs que l’avant Seconde Guerre mondiale a significativement allongé sont les sujets forts de son œuvre. Ils en forment même la trame essentielle, les éléments de base.
L’environnement urbain – avec ses rues, ses façades d’immeubles, ses ponts, ses carrefours… – si souvent traité, fait incontestablement partie de ses sujets privilégiés. Il y loge ses pensées d’ingénieur des formes, ses rêves d’architecte de la couleur, ses projets d’artisan du renouveau. Il lui permet surtout d’assurer le passage de ses débuts aux expérimentations artistiques les plus radicales. Si pour Picasso et Braque, la nature morte est le sujet qui se prête le mieux aux essentielles transformations formelles du cubisme, c’est la ville que Léger choisit pour les exercer. Il sait que c’est dans cet environnement que se joue l’essentiel et qu’en elle la vie se déploie au mieux.
Le monde du travail et des machines n’est pas, chez lui, comme chez les futuristes italiens, un sujet de dévotion mais, plus simplement, l’élément nouveau d’un décor dans lequel, pense-t-il, la vie peut trouver à se réinventer. Les constructeurs ne font pas qu’échafauder des poutres métalliques pour ériger le bâtiment mais participent à l’émergence d’un monde que Léger appelle de ses vœux et qui ne saurait se soustraire à l’humanisme dont est porteur son projet artistique.
Pendant du monde du travail, celui des loisirs constitue une période qui court sur plusieurs décennies. Les gens du voyage y sont célébrés. Ecuyères, jongleurs, voltigeurs et autres acrobates évoluent dans l’espace clos du cirque et, avec autant de virtuosité, dans celui, très ouvert, de la toile où leurs mouvements sont retranscrits dans un nouveau langage. Il en ira de même dans la belle série des Plongeurs dont les corps entrelacés, tressés les uns aux autres, démultipliés, expriment excellemment le mouvement que Léger entend traduire dans ses tableaux comme la figure même de l’élan vital.
86 oeuvres dont quelques chefs-d’œuvre.
L’exposition Fernand Léger, la vie à bras-le-corps propose un ensemble de 86 œuvres provenant de 25 préteurs français et européens. L’affiche de l’exposition reprend la peinture de Léger, Le mécanicien de 1918, un chef d’œuvre de composition synthétique, buste arrondi et tubulaire, géométries en aplats de couleurs, expression décomplexée du travailleur de force. Fernand Léger a écrit en 1946 : « La couleur est un besoin naturel comme l’eau et le feu. C’est une matière première indispensable à la vie, à toute époque de son existence et de son histoire, L’homme l’associe à ses joies, ses actions, ses plaisirs ». L’exposition à Rodez répond à cette profession de foi.
Pierre Soulages a bien connu Fernand Léger avec qui il partageait une galerie, celle de Louis Carré. A ses côtés, il participait en juillet 1952 au spectacle de nuit du château d’Amboise pour le cinquième centenaire de la naissance de Léonard de Vinci, « Quatre gestes pour un génie » : Soulages réalisait les décors de l’un des deux podiums pour la chorégraphie du ballet de Janine Charrat. Le jeune Soulages a nourri une amitié teintée de respect pour le peintre consacré qu’était Léger. Dans un rare moyen métrage tourné à Sète en 2020, il évoque leur rencontre.
Fernand Léger « La vie à bras-le-corps »
Pendant l’année, du mardi au vendredi de 10h00 à 13h00 et de 14h00 à 18h00. Samedi et dimanche de 10h00 à 18h00.
En juillet et août, du lundi au dimanche de 10h00 à 18h00
Tarifs : 11€ – réduit 7€
musee-soulages-rodez.fr
Fernand Léger et le cinéma du 11 juin au 19 septembre à Biot (06)
En résonance avec l’exposition de Rodez, cette exposition explore de manière exhaustive et totalement inédite les relations fortes, durables et fructueuses que le peintre Fernand Léger (1881 – 1955) a entretenues au fil de son oeuvre avec le septième art.
Amateur de films, créateur de décors, d’affiches, théoricien, réalisateur, producteur ou même acteur, toutes les facettes de l’implication de Fernand Léger dans le monde cinématographique sont évoquées dans cette exposition. C’est au cours de la Première Guerre mondiale, lors d’une permission en 1916 en compagnie de son ami Guillaume Apollinaire, que Fernand Léger découvre Charlie Chaplin, véritable révélation pour le peintre. Dès 1919, les œuvres de Léger reflètent l’influence de l’image cinématographique sur sa démarche artistique. Dès 1925, Fernand Léger déclare : « Le cinéma a trente ans, il est jeune, moderne, libre et sans tradition. C’est sa force […]. Le cinéma personnalise le fragment, il l’encadre et c’est un nouveau réalisme dont les conséquences peuvent être incalculables. » Lorsqu’il prononce cette phrase, Fernand Léger vient de réaliser, en 1924, son premier film Ballet mécanique, fruit d’un travail artistique collectif avec Man Ray, Dudley Murphy et le compositeur Georges Antheil. Ce film d’avant-garde, qui anime et alterne, dans un montage rapide et saccadé, objets de la vie quotidienne, personnages et figures géométriques, compte aujourd’hui encore parmi les chefs-d’œuvre incontestés du cinéma expérimental. La genèse du film, ses influences, les différentes versions réalisées par l’artiste, ainsi que sa réception critique, sa postérité en France et à l’étranger, seront présentées.
L’exposition évoque aussi les premières contributions de Léger au cinéma : les projets d’affiche et l’animation du générique pour le film La Roue d’Abel Gance, ou encore le projet d’affiche et de décor pour le laboratoire futuriste de l’Inhumaine. Films, tableaux, archives, photographies permettent de cerner ce sujet passionnant dans toute sa richesse et sa modernité et de mettre en lumière la dimension totalement pluridisciplinaire de l’œuvre de Fernand Léger.
Fernand Léger et le cinéma
Du 11 juin au 19 septembre au Musée National Fernand Léger à Biot (06).
Ouvert tous les jours sauf le mardi de mai à octobre, de 10h00 à 18h00.
Tarifs : 7,5€ – réduit 6€ – Groupes 6,5€ – Gratuit pour les -26 ans.
musees-nationaux-alpesmaritimes.fr/fleger/