Échappée belle à Formentera

Habitée depuis la préhistoire, Formentera a connu de nombreuses colonisations suivies de longues périodes d’abandon dues à la peste ou à la piraterie. Longtemps, l’île a tiré l’essentiel de ses ressources de la pêche, de l’extraction du sel et de l’agriculture. A la fin des années 60, l’arrivée des hippies et des voyageurs en quête de sérénité vont l’ouvrir au tourisme mais sans les excès de sa clinquante voisine ibiza. Formentera devient un des fiefs de la culture hippie et parvient à se développer tout en préservant son riche patrimoine naturel.

Ce qui frappe en approchant Formentera, sont les incroyables nuances turquoises de l’eau. L’île possède l’une des plus belles eaux de la Méditerranée grâce à la présence de posidonies, une herbe marine qui agit comme un filtre naturel, nettoie l’eau et sert ainsi de refuge à de nombreuses espèces vivantes. Sous l’eau, simplement équipé d’un masque et d’un tuba, on découvre un véritable musée aquatique. C’est pour cette raison que le littoral et les salines côtières de Formentera ont été classées au patrimoine mondial de l’Unesco en 1999.
Pour apprécier toutes les richesses de Formetera, il est bienvenu de la découvrir à pied, à vélo ou en scooter électrique. Longue de 19 kms, l’île ne compte que très peu de routes. 32 voies vertes permettent de la sillonner les cheveux aux vents. Bordés de pierres sèches, d’oliviers ou de figuiers, ces sentiers mènent parfois à des criques discrètes agrémentées de Chiringuitos – ces paillotes locales – blottis sous les pins. Là, entre deux baignades dans les eaux cristallines, vous pourrez gouter à quelques plats typiques de la méditerranée et aux fameux « peix sec », la spécialité culinaire de l’île, des poissons séchés en plein air selon une technique ancestrale.

A Formentera, en plus longues balades à vélo, on cultive surtout le goût du farniente. Comment ne pas résister à ses kilomètres de plages de sable blanc et à ses eaux transparentes ? Le nord de l’île, bondé en août, est une fine bande de sable blanc et de rocher qui mène à l’îlot espalmador que l’on peut rejoindre à bateau, kayak, paddle ou à pied à marée basse. En été, on assiste au bal bien rodé des yatchs avec son lot de VIP et de fashionistas venus d’Ibiza pour déjeuner chez Juan et Andrea ou à Es moli de sal, un ancien moulin converti en paillote select. Plus au sud, la plage de Migjorn s’étend sur plus de 5 kms. Considérée comme l’une des plus belles de Mediterrannée, elle est une succession de petites plages séparées par des rochers. Le naturisme y est fréquent, car toléré, comme sur l’ensemble des plages de Formentera.

Le soir venu, il est de bon ton d’aller prendre un verre au Fonda Pepe à Sant Ferran de Ses Roques, l’un des 4 villages de lîle. Avec ses murs tapissés de photos de stars en noir et blanc et sa terrasse bordée de figuiers de Barbarie, le lieu a été l’épicentre de la vie bohème pendant les années hippies. On raconte que Bob dylan et Jimi Hendrix y avaient leurs habitudes. A quelques kilomètres de là, en bord de plage, le Blue bar est un autre lieu culte des seventies ou résonne encore le son des Pink Floyd ou de Led Zeppelin. Impossible de quitter Formentera sans une escale par le marché hippie de la Mola qui anime le petit village tous les mercredis et les dimanches de 16h00 à 22h00. On y trouve quelques stands de produits locaux, de bijoux et de sandales artisanales. Des musiciens animent la place.  De là, on peut rejoindre le Far de la Mola, le point culminant de l’île, et ses falaises de 200 mètres de haut qui plongent à pic dans la mer. Juste à côté, une plaque en l’honneur de Jules Verne précise que l’écrivain avait, dans un de ses romans, décrit ce lieu comme le bout de monde.